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Wellcome

Un bout de toile, ça sert toujours à se moucher.

dimanche 12 juin 2016

Transfert en rééducation

Après 1 mois et demi passé au lit, à peine lucide, j'espérais je ne sais quoi de la rééducation... mon cerveau avait déjà conclut de mon corps qu'il ne marcherait plus, mais ne pensait pas que lui aussi allait vite s'handicaper à subir toutes ces subjectivités en silence, tout comme ce corps muet manipulé sans ménagement par tous ces étrangers.

Propara, le 8 Octobre 2014, j'arrive en brancard au bureau des entrées où je dois signer ma présence et déposer un chèque de caution pour le fauteuil, qui me déplacera durant un an et une semaine. Dès la visite du médecin, je senti à son air l'absence d'espoir quant à une récupération précoce de ma part. En plus d'un médecin généraliste, un kinésithérapeute qui fut changé en une kinésithérapeute au bout d'une semaine, une ergothérapeute échangée contre une nouvelle en cours de thérapie, un professeur de sport, une psychologue et une assistante sociale, en plus des soignants suivirent l'évolution de mon cas dans ce centre.

mon frère et moi, Propara, 2014
J'entrais dans une réalité d'impressions fulgurantes à la vue de toutes ces faces me grimaçant les mêmes mimiques "affectueuses" qui affectaient ma mémoire visuelle et m'infectaient l'esprit. Voir mes jambes laissées tombées comme des poids morts par des aides soignantes, être poussée au fond du fauteuil, transférée ballottée comme un morceau de viande, tous par leurs paroles et leurs gestes m'obsédaient, leur bonhomie familière du Sud dépassait toutes barrières personnelles.
Vous perdez votre personnalité du moment où seul votre état est sollicité et où tous critiquent ou réprimandent à tort et à travers votre façon de réagir par rapport à votre état. Oui, du jour au lendemain vous êtes traité comme un enfant, repris sur votre comportement dans l'intimité de votre douche par des personnes qui ne vous auraient jamais touché ou même vu. Votre cerveau n'a pas le temps de penser à lui, submergé d'anecdotes en tous genres dans un flot redondant d'explications sur le pourquoi du comment être un tétraplégique équipé donc adapté à la "vraie vie", expression qui nous sort par les yeux aujourd'hui à mon frère et à moi de l'avoir tant entendue de la part des professionnels nous faisant miroiter cette fameuse vraie vie autrement que comme dans la chanson "Les vieux" de Jacques Brel, " c'est-à-dire réellement._




Les quatre premiers jours, je restais dans la chambre jusqu'à la livraison d'un fauteuil électrique. Après 7 semaines de lit, j'étais contente de pouvoir enfin sortir prendre l'air ; comme à chaque étape, cette joie momentanée est ce à quoi vous vous raccrochez pour continuer à vous efforcer.
C'est à partir de là que je découvrais ce qu'être handicapée implique de surveillance et d'efforts continus, au milieu des autres accidentés comme moi.


à suivre...
















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